Les myrtilles n’existent pas qu’à l’état sauvage : ne vous privez donc pas de planter quelques myrtilliers dans votre jardin ! Ses feuilles sont bonnes pour la santé, notamment pour la vue, et ses fruits délicieux sont d’une grande richesse nutritionnelle.
Voilà un bon montagnard, bien robuste, et pas frileux : le myrtillier résiste à des températures allant jusqu’à -25°C.
Il abonde chez nous dans les Vosges, les Alpes, l’Auvergne ou le Jura, où il pousse jusqu’à 2600 m d’altitude.
Comme toutes les éricacées, il se développe mieux dans des sols acides, rien d’étonnant donc à le trouver aussi en Bretagne.
Les myrtilles font partie des cueillettes traditionnelles estivales, ce qui explique l’attachement très fort pour le myrtillier sauvage.
Le jardinier pourra en planter quelques pieds pour goûter ses baies acidulées, mais il y a mieux à faire en plantant les variétés destinées au jardin, notamment celles qui nous viennent des États-Unis.
Elles sont le résultat d’un travail de sélection entamé au début du XXe siècle par les pépiniéristes américains qui nous offrent de belles myrtilles, bien plus grosses que leurs cousines sauvages, de la taille d’une prunelle, produites par de grands arbustes pouvant atteindre 2 m.
Ces variétés ont surtout un faible besoin en froid, ce qui permet de les cultiver en plaine également, avec de très bons rendements. Les « champions » peuvent produire jusqu’à 10 kg par pied !
Planter le myrtillier dans son jardin
La plantation se fait de préférence en automne lorsque la terre est encore chaude en profondeur.
C’est aussi à cette période que le choix variétal est le plus large dans les jardineries et les pépinières. Les arbustes sont alors proposés en mottes conditionnées, leurs racines emmaillotées dans un manchon de tourbe, mais quelquefois les stocks sont maintenus à l’intérieur des magasins, et les bourgeons démarrent à la faveur de la chaleur qui y règne alors que le cycle normal prévoit, bien sûr, un débourrement au printemps.
On les trouve aussi vendus en conteneur. Sous cette forme, on peut les planter presque toute l’année en surveillant les arrosages au mo ment de la reprise.
Le myrtillier a besoin de froid, mais attention : son cycle nécessite malgré tout 160 jours hors gel. C’est pourquoi il faut éviter la plantation au-delà de 1000 m d’altitude. Côté exposition, la forme sauvage préfère l’ombre, habituée des sous-bois, alors que les variétés cultivées sont plus à l’aise en plein soleil, dans un emplacement dégagé.
Le sol doit être bien travaillé, léger à sableux et souple, et de préférence acide à très acide (pH entre 3,5 et 5 !). Dans un sol neutre, le myrtillier pousse de manière satisfaisante, même si le rendement est moins important.
Laisser 1,20 m entre deux pieds pour que les variétés de jardin s’épanouissent.
L’entretien et la taille
Cela fait toujours un peu mal au cœur de réduire les dimensions des plantes fraîchement achetées et plantées.
Pourtant, la meilleure chose à faire est de couper de moitié la longueur de toutes les branches du myrtillier pour étoffer le buisson. On fera de même l’année suivant la plantation avant d’enchaîner la taille d’entretien.
Sinon, le myrtillier est vraiment très facile d’entretien. Il suffit de conserver la terre légèrement humide, en été, par la pose d’un paillage au pied et des arrosages, toujours au pied.
Bien veiller à ne pas mouiller le feuillage pour ne pas favoriser le développement de l’oïdium, ce champignon qui donne un feutrage blanc sur le feuillage et qui, de toute façon, se manifeste pratiquement tous les ans.
Les myrtilles naissent sur le bois de l’année précédente. Tous les ans, il faut supprimer les branches faibles, le bois mort, et ôter les branches de 4 ans et plus en les coupant à ras. En revanche, ne pas toucher les autres ramifications.
La récolte
Les feuilles sont disponibles toute l’année chez le myrtillier sauvage, par contre rappelons que les variétés fruitières pour le jardin sont caduques : penser à faire des provisions pour les utilisations médicinales.
Les fruits des variétés les plus précoces sont mûrs dès le mois de juin et les récoltes se poursuivent tout l’été. Oublier le peigne utilisé pour les récoltes d’importance, une bonne récolte se fait patiemment, une baie après l’autre, à la main, car toutes n’ont pas le même stade de maturité.
Le rendement est très variable selon la variété mais aussi les conditions culturales et la nature du sol. Compter entre 300 g par pied et 3 kg pour les super champions, avec une valeur raisonnable de 500 g. Et penser que le myrtillier est en place pour de nombreuses années, jusqu’à cinquante ans dit-on.
Maladies et petits pépins
Il ne faut pas voir le mal partout, le myrtillier est principalement la cible de l’oïdium qu’on contient facilement. Mais il y a aussi « des années à oïdium » lorsqu’il fait chaud et humide.
Une ou deux pulvérisations de soufre suffisent en général ; préférer la forme liquide bien plus pratique. Plus grave, la sclérotiniose, ou pourriture sclérotique, est due à un champignon présent dans le sol. Dans ce cas, il faut couper à ras et déménager à l’autre bout du jardin pour installer un carré tout neuf, avec des plants sains !
Les meilleures variétés
La presque totalité des variétés de myrtilliers américains est autofertile. Toutefois la productivité est accrue si l’on plante des variétés différentes, trois par exemple.
Variétés précoces
Bluetta
Résistante au froid. Fruits de calibre moyen bleu clair à foncé, à chair ferme, acidulée, assez bien parfumée. Récolte étalée la deuxième quinzaine de juin. Assez sensible à la sclérotiniose.
Patriot
Très rustique (-29°C) mais sensible aux gelées tardives de printemps. Grosses baies bien colorées, fermes, à chair légèrement acidulée. Produit la dernière semaine de juin.
Variétés de mi-saison
Blue Crop
Variété créée en 1941, très productive, c’est une des meilleures myrtilles pour l’industrie agro-alimentaire. Baies fermes, bonne tenue à la pluie, résiste à l’éclatement. Épiderme bien bleu, chair acidulée et parfumée. À récolter les trois premières semaines de juillet. Bonne résistance à la sclérotiniose et au froid (jusqu’à -30°C).
Ivanohé
Très grosses myrtilles à chair ferme, fruitée et acidulée. Epiderme bleu foncé. À récolter tout au long du mois de juillet.
Variété tardives
Jersey
Baies de taille moyenne, bleu clair, au parfum se révélant tardivement à pleine maturité seulement. Enchaîne avec « Bluecrop », pour quatre semaines de récoltes.
Darrow
Très grosses baies bleu foncé, à chair ferme, d’un arôme et d’une saveur sans pareil, sans doute une des meilleures myrtilles. Bonne productivité, récolte à partir de mi-juillet se prolongeant pendant six semaines.
Le myrtillier sauvage
C’est un arbuste dépassant peu 30 cm de haut, qui offre une production abondante. Petits fruits noirs, à chair violacée, aigre-douce et légèrement astringente, son jus tache beaucoup. Récoltes finaoût à mi-septembre.
Le myrtillier
Bleuet, bluet, bleutier, brimbelle, myrtiller, Vaccinium myrtillus L., M. corymbosum L. Ericacées.
Arbuste poussant en gros buisson à port érigé de 1,50 m à 2 m. Feuilles persistantes chez l’espèce sauvage, caduques chez le myrtillier cultivé, ovales, allongées, de 2 cm de large et 6 cm de long.
Fleurs en clochettes blanches, cireuses, rassemblées en grappes, suivies de baies sphériques de 1 à 2 cm de diamètre, noires, recouvertes d’une importante pruine blanche.
Ses bienfaits
Grande richesse en antioxydants, protecteur des vaisseaux sanguins, pour traiter les inflammations, les hémorroïdes, les varices, la couperose et de manière générale tout ce qui concerne la circulation sanguine, également contre la fatigue oculaire et les diarrhées.
Le cultiver en pot
Si on recherche les feuilles et non pas les baies, on peut cultiver facilement un pied en pot, sur une terrasse ou un grand balcon. Bien sûr, on choisira un myrtillier sauvage (donc persistant).
Rempoter dans une terre dite de bruyère (celle utilisée pour les camélias ou les hortensias) dans un pot de 30 à 50 cm de diamètre. Placer une couche de drainage de 5 cm dans le fond (graviers, tessons de pot de terre, billes d’argile…). Donner une exposition mi-ombragée.